A quelques jours de partir pour un long convoyage de Toulon à Nouméa, mon ami Christophe Mahé m’a fait découvrir cette application qui m’était passée totalement inaperçue. Je l’en remercie vivement ! Comme il n’est jamais trop tard pour bien faire, quelques échanges avec le développeur m’ont permis d’installer sur mon iPad cette application avec toutes ses options. SEAiq a été mise en ligne sur l’AppStore en avril 2012. Son développeur, Mark Hayden, est un ingénieur informaticien californien passant une bonne partie de son temps avec sa petite famille ou en solitaire autour de la planète à bord de son Super Maramu, l’heureux homme.
SEAiq Open (¹) est l’unique application sur iPad/iPhone permettant d’utiliser les cartes vectorielles ENC aux standards officiels de l’IHO S-52, S-57 et S-63. Avec la base de données d’informations incluses dans ces cartes, et les systèmes de mise à jour, SEAiq transforme l’iPad en un véritable ECDIS (²) professionnel.
SEAiq est décliné en trois versions :
- SEAiq USA et SEAiq Free : réservées aux plaisanciers américains pouvant télécharger automatiquement les cartes RNC et ENC du NOAA (²) qui, il faut le répéter, sont universellement gratuites. SEAiq Free permet de tester la version SEAiq USA avant l’achat, et de déverrouiller toutes les fonctions par un achat in-app (9 €).
- SEAiq Open : la version standard supportant les cartographies ENC déjà évoquées, Inland ENC, CM93, raster BSB/KAP (MapTech) et offrant toutes les fonctions Premium. On peut tester cette version gratuitement pendant une semaine (on peut réinstaller à plusieurs reprises) avant de déverrouiller l’option Premium par un achat in-app (18 €).
- SEAiq Pilot : Version Open disposant de fonctions réservées aux professionnels du pilotage côtier portuaire et fluvial ($200).
Ergonomie
Ne rêvez pas, nous sommes ici avec une application dont l’unique but est d’être fonctionnelle. L’interface est tristement professionnelle, mais les fonctions accessibles par la gestuelle de l’iPad sont complètes : tap pour obtenir Latitude/Longitude, Relèvement et distance d’un lieu, double-tap pour le menu contextuel, glissements à deux doigts pour les zoom+/- et rotation de la carte, etc. Simple et efficace. Un bandeau supérieur ou un tiroir latéral à droite sont à alterner pour afficher les données de navigation et les données NMEA (si connectées). Pas d’effets de transparence ni de fenêtre déroulante, mais un affichage sobre et trois niveaux de couleurs pour les modes d’affichage jour, pénombre ou nuit.
A l’usage cependant une difficulté apparaît : le manque de réactivité de l’affichage. La cartographie ENC S-63 est encryptée et l’application peine à afficher les cartes lorsqu’on zoome ou fait glisser la carte. Il faut souvent plusieurs secondes avant que l’affichage ne se rafraichisse. C’est inhérent à ce format de cartographie. En contrepartie, le traitement des données affichées sur les cartes (textes, objets, informations) a fait l’objet d’un très grand soin de la part du développeur et permet une lecture proche de la cartographie raster. Vous pouvez le constater sur les captures d’écran ci-dessus.
Bien que l’application soit seulement en anglais, une aide textuelle extrêmement fournie et détaillée permet de s’approprier le fonctionnement, à commencer par l’achat et le téléchargement des cartes qui est un vrai chemin de croix (les achats des cartes Navionics sur X-Traverse sont un jeu d’enfant en comparaison !).

Deux types de cartes S-63 et S-57 installées après achat et téléchargement depuis ChartWorld. Pas si simple…
Réglages
Autant le dire tout de suite : les réglages sont pléthoriques ! J’en ai compté près de 80 concernant l’affichage général, les unités, les types de cartes, le navire, la gestion des waypoints, routes et traces, les outils de mesure, les données NMEA, les cibles AIS, les importations/exportations, et bien d’autres encore, rien ne semble oublié.
Fonctions
Encore une fois on peut difficilement prendre l’application en défaut, tant pour les fonctions proposées que pour la richesse des réglages qui les concernent. En plus des fonctions de base concernant la gestion des waypoints, routes et traces, SEAiq propose :
- Accès complet aux données associées aux cartes vectorielles.
- Affichage VRM et EBL (³) sur la carte comme sur un Radar par simples manipulations des doigts (nécessite un petit apprentissage).

VRM : Un glissement du cercle de distance sur la position du navire verrouille le VRM sur celui-ci. On peut régler le diamètre en glissant le doigt sur le cercle ou bien un double-tap ouvre une fenêtre de réglages.

EBL : En glissant le point de départ sur la position du navire on le verrouille sur celle-ci. On peut ensuite le détacher de la même manière.
- Utilisaton du GPS de l’iPad/iPhone ou des données GPS NMEA (si connecté)
- Fonction Clent/Serveur NMEA : affichage des données reçues (client) et partage des données avec d’autres appareils (serveur).
- Utilisation de la position GPS en partage de connexion depuis un autre appareil (iPhone/iPad) si iPad WiFi uniquement.
- Affichage des cibles AIS en représentation réelle, prédiction de route et de giration. Alarme d’apparition d’une nouvelle cible. Affichage des données de la cible, dont CPA/TCPA.
- Transfert des waypoints via TCP vers un traceur.
- Affichage automatique des données météo du NOAA ou requêtes manuelles par mail (Vent et Pression).
- Importation et exportation de routes au format GPX.
- Support du site communautaire ActiveCaptain.

On affiche les points d’informations ActiveCaptain pour accéder à toutes les données issues du réseau collaboratif. Impressionnant.
- Accès à l’application de marées mondiales AyeTides (comme iNavX) pour afficher les stations de marées proches.
- Alarme de mouillage réglable.
Et j’oublie certainement encore quelquechose.
Pour conclure
Comme vous pouvez le constater par cette rapide présentation SEAiq est une application plutôt réservée aux navigateurs plaisanciers, professionnels ou chevronnés, qui souhaitent disposer d’une cartographie officielle pouvant être mise à jour. Pour ceux qui naviguent dans l’Océan Pacifique, l’application permet le passage de l’antéméridien, ce que ne fait pas iNavX avec la cartographie Navionics. C’est ce genre d’application qu’on va trouver sur les passerelles des navires de commerce. Pas étonnant qu’une version avancée soit proposée aux pilotes professionnels.
Cependant, il faut avoir conscience que les cartes ENC ne couvrent pas en détail toutes les régions du monde, et que des comparaisons effectuées en plusieurs zones du globe avec la cartographie Navionics montrent une insuffisance de détails dès qu’on s’éloigne des grandes routes et des lieux fréquentés par les marines de commerce. De plus, pour couvrir un grand parcours, le nombre de « cellules » à acheter pour disposer des cartes générales aux cartes les plus détaillées peut représenter un budget conséquent. La première chose à faire, avant de se lancer avec une telle application, est de se rendre sur le site de ChartWorld et d’explorer l’imposant catalogue des cartes ENC et leurs prix.
Ceci étant, SEAiq est pour moi une heureuse découverte, un grand bravo à son concepteur.
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(¹) La terminaison « iq » pour « intelligence quotient », par exemple « intelligence à la mer ».
(²) Les définitions de tous ces acronymes se trouvent dans le Glossaire.
(³) VRM (Variable Range Marker) trace un cercle de distance autour du navire (ou d’un objet) pour évaluer la distance de tous les objets rentrant dans ce cercle. EBL (Electronic Bearing Line) ligne mobile permettant de connaître cap et distance entre deux points ou entre le navire et un point sur la carte.
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François,
J'ai examiné l'application SEAiq à plusieurs reprises au cours des dernières années.. J'ai suivi l'évolution de l'application depuis le début. C'est une excellente application et un numéro classé 2 sur mon haut 10 liste des applications de cartographie marine. Il est très complet et fonctionnel. Consultez mes avis sur les liens ci-dessous.
http://i-marineapps.blogspot.com/2012/04/seaiq-intelligent-vector-chart-plotter.html
http://i-marineapps.blogspot.com/2013/04/seaiq-25-revision.html
Les applications SEAiq ont connu une augmentation de prix à partir de novembre 1.
Pilote SEAiq: 249,99 $ US
SEAiq Ouvert: 39,99 $ US
SEAiq Gratuit: 24,99 $ US
SEAiq États-Unis: 24,99 $ US
J'espère que la vie te traite bien.
Marque
Thanks, Mark, for your comment and pricing list info. 🙂
Bonjour Francis
Essai bref de Seaiq sur un Ipad 3 de 32Mo Gps WiFi, cartes essayées S57 de 2011 et CM 93 rev 2009.
L’iPAD rame à chaque commande, déplacement , zoom, etc , même avec les options au minimum.
A oublier !
Cordialement
René
Comme je l’ai expliqué dans l’article, les cartes S-57/S-63 sont encryptées et nécessitent une première phase de décryptage qui ralentit leur affichage. Une fois mises en cache, leur affichage est plus rapide et la réactivité de l’application améliorée. Votre sentence est exagérée : SEAiq a fait de nombreux adeptes parmi les utilisateurs professionnels. Mais il est certain que ce n’est pas aussi rapide que iNavX avec les cartes Navionics.
Et évidemment les abonnements doivent être encore valides, sinon, c’est rapé.
Bonjour François,
j'ai une question. Est-il possible avec cette application de transférer des cartes du monde, qui sont stockés sur mon MacBook pour une utilisation sur l'iPad? Et si oui, quelle est la procédureß Merci pour la réponse.
ChartWorld wrote:
Bonjour Francis,
Damned, je réalise que j’utilise SEAiq depuis un an déjà ! Et je ne l’avais pas signalé. Très pratique, d’autant qu’il permet d’utiliser les CM93. Il est toutefois un peu lent sur iPad1.
Pour info la non prise en compte de l’antéméridien par iNavX est vraiment pénible maintenant que nous sommes aux Tonga.
Bon vent
Alain
Cher Francis, Je prends un sujet un peu parallèle : que de développements sur tablette !
J’en viens à regretter mon achat de MacENC (même s’il me rend tant de service). Plus d’évolution sur ce logiciel ? Merci encore pour ce super blog
Comme toujours avec Francis, en quelques mots une analyse précise et efficace. Pour ma part j’ai donc installé l’appli avec les cartes essentielles qui jalonnent mon itinéraire Toulon Nouméa, et je ne manquerai pas de transmettre à Francis les copies d’écran « in situ ». Juste peut être un dernier point sur ActiveCaptain, n’hésitez pas à vous inscrire et faire part de vos expériences. Plus on est de fous … Merci Francis