Tous les logiciels de navigation maritime proposent des prédictions de marées, à plus ou moins longue échéance, qui couvrent les côtes du monde entier. D’où proviennent ces prédictions ? Comment sont-elles établies ? Quelle en est la fiabilité ? Autant de questions que tout navigateur consciencieux est en droit de se poser.
La provenance des calculs de marées
De nombreux pays disposant d’une façade maritime possèdent une organisation chargée de l’hydrographie, de l’océanographie et parfois de la cartographie maritime. En France le Service Hydrographique et Océanographique de la Marine assure ces tâches. L’établissement des prédictions de marées représente des coûts supportés par les contribuables, et de ce fait, les résultats sont rarement mis gratuitement à la disposition du public. En France, les prédictions des marées sont fournies sous forme d’ouvrages annuels (Annuaire des marées du SHOM, Almanach du Marin Breton) vendus au public ou de fichiers numériques vendus aux organismes intéressés (éditeurs de logiciels et de guides nautiques, collectivités locales, etc.).
C’est la raison pour laquelle la majorité des éditeurs de logiciels de navigation utilise les prédictions du programme libre XTide.
XTide est un programme développé depuis 1998 par David Flater, membre de la Free Software Foundation (¹). Il utilise les calculs d’analyse harmonique et de prédiction des marées fournis par le NOS (²) des U.S.A. ainsi que les fichiers harmoniques de celui-ci. Ces données sont fournies pour un grand nombre de stations dites « de référence » et le calcul permet d’extrapoler les écarts pour d’autres stations, dites « rattachées ». Le premier intérêt de XTide est qu’il est gratuit, le second est qu’il permet de couvrir les principales côtes du globe.
La fiabilité des prédictions
Les données harmoniques fournies par XTide ne tiennent absolument pas compte des particularités locales qui peuvent influer sur les marées réellement observées. C’est la raison pour laquelle il est fourni sans aucune garantie et en déclinant toute responsabilité de l’usage qui peut en être fait.
La configuration géographique peut considérablement modifier les prédictions calculées pour une station, et seule l’observation à long terme, par des moyens de mesure appropriés, permet de corriger les calculs pour obtenir la meilleure précision. C’est particulièrement le cas des estuaires, ou encore des baies très fermées. Des organismes nationaux comme le SHOM effectuent localement ce type de mesures, partout où les calculs s’avèrent insuffisants.
Malgré cela, les éditeurs de logiciels peuvent comparer les prédictions harmoniques avec les publications des services hydrographiques locaux, afin de corriger les calculs et d’approcher le plus possible des prédictions locales. C’est le cas notamment de Hahn Software qui a passé beaucoup de temps ces derniers mois pour corriger les données de ses applications AyeTides et AyeTides XL.
Comparaison
Un rapide tableau comparatif permet de prendre la mesure des écarts entre les différentes prédictions fournies par les applications. Il ne s’agit là que d’une « photographie » de quelques stations sur une seule journée, avec une amplitude de marée donnée (coefficient 85) et les écarts peuvent être plus ou moins importants selon l’amplitude. Cela permet cependant de se faire une idée de la précision qu’on peut attendre de ces données.
Il convient donc de rester prudent et de n’accorder qu’une confiance relative à ces calculs de marée. Cela dit, en appliquant en toute circonstance un « pied de pilote » raisonnable, ces prédictions peuvent être considérées comme globalement satisfaisantes.
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(¹) http://www.fsf.org/
(²) National Ocean Service. Un département de la NOAA. Les données hors U.S.A. sont fournies pour un usage non-commercial exclusivement.
Pourquoi OUISTREHAM et OUSTREHAM B. en baie de Seine ?
Les différences avec le SHOM dépassent les 60 minutes et les écarts de hauteurs sont supérieur au mètre !
Les nouvelles versions n’ont guère évoluées sur la baie de Seine et deux indications de marée différente dans la même version me semble surprenant.
Quand a Deauville les courbes de marée font les montagnes russes. Si il y a bien un phénomène de double marrée haute a Deauville ce n’est pas 5 heures après le plein !
Localement c’est effectivement peu fiable. iNavX mériterait un logiciel plus précis. C’est dommage que l’on ne puisse pas parameter un lien en option.
Ouistreham B est un doublon de la base de données US qui sera supprimé dans la prochaine version.
Avec AyeTides 1.93 et AyeTides XL 1.1 (dernières versions dispo) j’obtiens à quelques centimètres les même hauteurs que le SHOM pour Ouistreham. Il y a un décalage de 1h pour les PM car celles-ci durent 1 heure (de 0h32 à 1h32 et de 12h56 à 13h59 aujourd’hui par exemple).
Pour Deauville, c’est effectivement complètement faux. Je vais en faire part à August Hahn.
Il n’existe pas de logiciel plus précis, il faudrait que le SHOM accepte de vendre ses fichiers aux développeurs, à un prix raisonnable. Et il n’y a pas que la France. Si les développeurs devaient acheter les fichiers de tous les pays, ils devraient vendre leurs logiciels à des prix que personne ne voudrait y mettre. D’où l’utilisation de XTide, gratuit mais perfectible.
Il est malheureusement vrai que les marées en Manche sont particulièrement tordues, également sur la côte anglaise.
Intéressant, mais que donnerait la même étude, pour au hasard, le Golfe du Morbihan ?
Je regarderai quand j’aurai un moment, mais plus avant quelques jours.
Dans le Golfe du Morbihan, on peut effectivement avoir des écarts non négligeables entre les données du SHOM (trouvées sur frbateaux.net) et celles de l’appli iPhone Navionics. Par exemple pour aujourd’hui 8 avril :
SHOM
BM= 04:00 – PM= 09:53
H = 0,30m H = 2,65m
Navionics
BM= 04:28 – PM = 10:26
H= 0,60m H = 2,82m
Sorry, j’ai oublié de mentionner qu’il s’agissait du port du Logeo
Informations et petite étude comparée très intéressantes … merci !